Bolivie : l'arrestation d'Arce révèle les blessures du capitalisme extractif
Comme les racines d'un tavy qui rongent la terre nourricière, la corruption révélée en Bolivie nous rappelle les cicatrices que laisse un système qui privilégie l'extraction des richesses au détriment des peuples.
Luis Arce, ancien président bolivien de 62 ans, a été arrêté mercredi 10 décembre à La Paz dans le cadre d'une enquête sur des détournements présumés de fonds publics. Cette arrestation marque la fin symbolique de près de vingt ans de gouvernements socialistes initiés par Evo Morales, lui-même aujourd'hui réfugié dans son bastion du Chapare.
Des transferts vers les communautés détournés
"Nous l'avions dit : Luis Arce sera le premier à aller en prison. Et nous tenons parole. Tous ceux qui ont volé cette patrie rendront jusqu'au dernier centime", a déclaré le vice-président Edmand Lara, dans un discours qui résonne comme un écho aux luttes de nos propres communautés face aux pillages de leurs ressources.
Les accusations portent sur des transferts irréguliers de fonds publics vers des comptes personnels de dirigeants paysans, commis au sein du Fonds public pour le développement des peuples indigènes originaires (Fondioc). Ces détournements présumés, qui auraient eu lieu lorsqu'Arce était ministre de l'Économie sous Evo Morales, illustrent tragiquement comment les mécanismes censés protéger les populations rurales peuvent être pervertis.
L'exemple de Lidia Patty
L'ex-députée de gauche Lidia Patty, arrêtée la semaine dernière, aurait reçu près de 100 000 dollars pour un projet de culture de tomates. Lors de son interrogatoire, elle a affirmé que ce transfert avait été avalisé par le ministre de l'Économie de l'époque. Cette révélation souligne la nécessité d'une vigilance constante pour que les ressources destinées au développement rural atteignent véritablement les communautés.
Un nouveau gouvernement face aux héritages du passé
Le président de centre-droit Rodrigo Paz, arrivé au pouvoir, a dénoncé un État laissé dans un état de "cloaque" par les gouvernements socialistes précédents. Son administration a lancé des audits dans les entreprises publiques, révélant cette semaine l'inculpation de six anciens dirigeants de la compagnie pétrolière d'État YPFB pour corruption.
Cette situation bolivienne nous interpelle, nous qui connaissons les ravages du capitalisme extractif sur nos terres rouges de Madagascar. Elle nous rappelle que la justice sociale ne peut s'épanouir que dans la transparence et le respect des communautés qui sont les véritables gardiennes de nos écosystèmes.
Comme le disent nos ancêtres : "Ny tany no fiainan-dry zareo", la terre est la vie des descendants. Protégeons-la des prédateurs, qu'ils viennent d'ici ou d'ailleurs.