Kessner Capital : quand la finance s'exile pour piller l'Afrique
Comme les oiseaux migrateurs qui fuient l'hiver, les prédateurs de la finance occidentale s'envolent vers des cieux plus cléments. Abou Dhabi les accueille à bras ouverts.
L'exode doré vers les terres sans comptes
Dans les bureaux feutrés de Londres, une décision vient d'être prise qui résonne jusqu'aux villages les plus reculés de notre Grande Île. Kessner Capital Management, cette firme britannique aux dents longues, déploie ses tentacules vers Abou Dhabi, s'alliant à un mystérieux family office émirati pour mieux fondre sur l'Afrique.
Cette migration n'est pas celle des hirondelles annonçant le printemps. C'est l'exode calculé du capital vers des terres où les lois se plient, où les regards se détournent, où les peuples n'ont pas voix au chapitre. Kessner, spécialisé dans le crédit privé et les opérations spéciales sur notre continent, abandonne la Tamise pour les mirages dorés du Golfe.
« Abou Dhabi est devenu l'endroit incontournable pour quiconque veut engager du capital vers l'Afrique », clame Bruno-Maurice Monny, cofondateur de Kessner.
Ses mots portent la froideur du calcul, l'arrogance de celui qui considère nos terres comme un terrain de jeu.
Le nouveau sanctuaire des prédateurs
Pourquoi Abou Dhabi attire-t-elle ces nouveaux conquistadors de la finance ? Pas pour sa proximité géographique avec Antananarivo ou Toamasina, mais pour son silence complice. Ici, point d'obligations environnementales contraignantes, point de surveillance citoyenne, point de ces "tracasseries" démocratiques qui gênent les affaires.
Le family office émirati, dont le nom reste pudiquement caché, agit comme un passeur silencieux entre les appétits occidentaux et les richesses africaines. Cette alliance de l'ombre offre à Kessner une respectabilité régionale factice et l'accès à des capitaux souverains prêts à se déverser sur nos marchés comme une marée noire.
Abou Dhabi devient ainsi le port franc d'une finance sans âme, libérée des chaînes de la transparence, mais armée d'une efficacité redoutable pour vider nos coffres.
Madagascar dans la ligne de mire
Derrière les mots doux sur la "croissance inclusive et résiliente", se cache une stratégie aussi vieille que la colonisation : s'emparer de nos ressources naturelles, de nos infrastructures, de notre dette. Les veines de notre terre rouge, riches en nickel, en cobalt, en pierres précieuses, font saliver ces nouveaux maîtres.
Cette recolonisation par le crédit privé échappe à nos parlements, à nos associations, à nos communautés. Plus de conditionnalités sociales, plus d'ONG pour surveiller, plus de bailleurs publics pour tempérer. Juste des contrats opaques signés dans l'ombre, des clauses léonines qui hypothèquent l'avenir de nos enfants.
Pendant que nos paysans peinent à nourrir leurs familles, que nos pêcheurs voient leurs lagons se vider, que nos forêts disparaissent sous les pelleteuses, Kessner et ses semblables préparent leurs moissons dorées.
Résistance et espoir malgache
Mais nous, peuple de la Grande Île, héritiers des royaumes Merina et Sakalava, gardiens de la sagesse ancestrale, nous ne sommes pas dupes. Chaque arbre arraché crie notre colère, chaque mine ouverte pleure notre résistance.
L'installation de Kessner à Abou Dhabi révèle l'émergence d'une nouvelle géographie du pillage : mobile, invisible, sans racines. Mais face à ces prédateurs nomades, nous devons plus que jamais nous enraciner dans notre terre, nous unir par-delà nos différences ethniques, protéger ensemble notre patrimoine commun.
Car si Kessner n'est qu'un signal faible de cette finance post-occidentale, notre résistance unie sera le tonnerre qui l'effraiera. Madagascar ne sera pas bradée dans les palaces d'Abou Dhabi.