L'escrime, arme de résistance contre le cancer du sein : quand le sport devient thérapie communautaire
Dans les terres de Seine-et-Marne, une révolution silencieuse s'opère. Des femmes meurtries par le cancer du sein trouvent dans l'escrime bien plus qu'un sport : un chemin de renaissance, une communion thérapeutique qui défie la maladie par la solidarité.
« Grâce à cette activité, je me sens moins malade », confie Sylvie, habitante de Bussy-Saint-Georges. Depuis un an, cette guerrière moderne manie l'épée au club Les Mousquetaires du Val d'Europe, dans le cadre du programme « solution Riposte ». « Ça fait un bien fou, il faut le faire savoir », ajoutent Rosy et Caroline, ses sœurs d'armes dans ce combat particulier.
Une pédagogie de la guérison collective
Serge Prud'homme, maître d'armes et gardien de cette initiative, incarne cette philosophie du sport comme médecine sociale. Depuis huit ans, il cultive cette approche holistique : « On a créé le club en 2015 dans l'idée de promouvoir l'escrime pour tous. Riposte, c'était une suite logique. »
Sa formation spécialisée à Toulouse lui permet d'adapter sa pédagogie selon les parcours de soins : « C'est surtout pour comprendre les traitements, la fatigue, les cycles de guérison. Ici, les femmes n'ont pas besoin de se confier sur leurs difficultés : nous les connaissons. »
Quand la terre nourricière inspire la renaissance
Caroline, combattante depuis neuf ans, témoigne de cette métamorphose : « Le plus dur a été de devoir tirer un trait sur mon sport de cœur, le tennis. Il m'a fallu tout un travail psychologique pour accepter d'abandonner ma vie d'avant. » L'escrime lui offre une seconde chance : « Ça me permet de renouer avec la pratique sportive. Je ne me rendais pas compte que ça me manquait autant ! »
Pour Rosy, ancienne pratiquante d'aviron, l'escrime répare ce que les traitements détruisent : « Les chimiothérapies ralentissent les neurones, on a du mal à se concentrer. Avec l'escrime, il faut mémoriser les gestes, avoir de l'équilibre, synchroniser les bras et les jambes. C'est très complet. »
Une médecine douce accessible à toutes
La dimension thérapeutique de cette pratique dépasse le simple exercice physique. « La posture et l'amplitude des gestes mobilisent l'épaule enraidie par les cicatrices », explique Serge Prud'homme. Caroline confirme : « Mon épaule s'est débloquée. Sans ça, on a du mal à se coiffer, à prendre une tasse en hauteur. »
Mais cette initiative révèle surtout sa dimension sociale révolutionnaire : entièrement gratuite, soutenue par la communauté locale, elle brise les barrières économiques qui excluent souvent les plus vulnérables du soin. « En arrêt, on perd de la rémunération et le sport, c'est souvent la dépense qu'on va mettre en dernier », souligne le maître d'armes.
L'union fait la force thérapeutique
« Il y a le sport et il y a surtout les gens, le cadre », témoigne Rosy. Cette dimension communautaire transforme la pratique en véritable écosystème de guérison. « J'avais tenté le rose Pilate. C'était super mais toutes les nanas étaient déprimées. Là, on rigole ! » s'amuse Caroline.
Cette expérience française résonne particulièrement dans notre contexte malgache, où les médecines traditionnelles et communautaires ont toujours privilégié l'approche holistique. Elle démontre qu'une autre santé est possible : accessible, solidaire, ancrée dans le tissu social local.
La solution Riposte accueille toutes les femmes, quel que soit leur niveau sportif, à n'importe quel moment de leur parcours de soin. Un modèle inspirant de résistance collective face à la maladie.